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Électroniquement votre


Lö Pagani au Chapiteau - marseille (Crédits : Christophe Suchy)



Les musiques électroniques : concrètement, on parle de quoi ?

Début du XXème siècle, les pionniers de ce que nous appelons musique électronique aujourd’hui, menaient des expérimentations encore invraisemblables à l’époque où, seul un instrument traditionnel pouvait et devait créer des sons musicaux. Une foulée d’ingénieurs avides de découvertes et de compositeurs issus des musiques classiques se lancent dans la recherche de sons nouveaux en créant des machines, des mécanismes, qui définiront des “sons-bruits”, à l’origine de la musique concrète.


Définie en 1948 par Pierre Schaeffer, polytechnicien qui avait créé un studio de recherches au sein de la Radiodiffusion française, la musique concrète se caractérise comme une musique “constituée à partir d’éléments préexistants, empruntés à n’importe quel matériau sonore”.

C’est aussi grâce à lui que né le sample, que l’on appelle également échantillon ou boucle sonore. Ce dernier constitue aujourd’hui le moindre morceau de musique électronique ! Extrait sonore sorti de son contexte (bruit, voix…), le sample est également utilisé dans bien d’autres musiques que celles qui ne sont qu’électroniques !



La musique concrète, venant de l’anglais “concrete” qui signifie béton, prend alors tout son sens. Il s’agit d’une musique fabriquée à partir de sons, qui, imbriqués les uns aux autres et répétés, créent un morceau.


De cette musique concrète découle ensuite la musique électronique, qui elle, comme son nom l’indique, nécessite l’intervention de composants électroniques, de machines, synthétiseurs et j’en passe. Thérémine, vocodeur, ondes martenot, échantillonneur… les outils des musiques électroniques sont indissociables de l’histoire de ces musiques en elle-même.


Imaginez, les années 50. Un petit studio dans lequel des scientifiques et musiciens, tous vêtus de beaux costumes 3 pièces, créèrent les instruments et machines qui seront utilisé.es dans une rave en Bretagne pendant une pandémie mondiale en 2021. C’est fou non ?


Et pourtant, même si nous considérons les musiques électroniques comme actuelles et que nous rattachons leurs technologie à une époque pas si lointaine, leurs origines remontent à il y a plus de 100 ans !


De la House de Chicago à la Techno de Détroit, en passant par la Minimale berlinoise et la French Touch, la musique électronique s’est imprégnée des différentes cultures pour se développer et s’exporter à l’international !


Aujourd’hui, en dehors des clubs et boîtes de nuit, la musique électronique est partout. Des publicités, aux annonces sonores des sociétés ferroviaires en passant même par les repas du club du troisième âge d’un petit village en Creuse, la musique électronique est bien implantée dans le paysage musical international et fait danser aux quatre coins du monde !


Platine vinyle - Le Chapiteau - marseille (Crédits : Christophe Suchy)


Les collectifs de musiques électroniques à Marseille (liste non exhaustive)

  • Animals Industry


Ce collectif est destiné aux animaux pas comme les autres. Passionné.es, désaxé.es, avides de sons qui détonnent et frappent forts. Animals Industry, c’est une meute dont les cris retentissent très tard le soir, dans la cité phocéenne. Une meute qui s’agrandit au fil des années et qui renverse les codes. L’image dure de la techno ? Iels l'assument et en jouent même ! Des soirées énervées pour celleux qui ont les crocs. Mais promis, derrière leurs cagoules et leur apparence intimidante, iels sont des petits nounours tout mignon tout plein.

On rigole, méfiez-vous, ils peuvent vous dévorer comme ils dévorent les tracks bien rave !


  • Planète 51


Cette troupe de jeunes passionné.es de musiques électroniques et engagé.es dans la fête libre ont su se faire un petit nom en très peu de temps dans la région marseillaise. Amateurs de rave parties sauvages, ils ont souvent posé leur soucoupe et autre vaisseau spatial au Chapiteau pour des soirées endiablées. Elles ont d’ailleurs souvent finies en after dans un lieu tenu secret et réservé uniquement aux Chapitard (les fêtards du Chapiteau quoi). Un collectif dynamique et jeune, à suivre sans modération !


  • ERROR.tpg


A l’origine de ce collectif né à Marseille en 2019, 3 personnes issu.es du militantisme Queer et de la scéne artistique marseillaise. Error.tpg, ce sont des soirées hardmusic, hardance, hardlove, qui prônent féminisme, intersectionnalité, inclusivité et culture queer par-dessus tout ! Lieu de liberté où groupes minorisés peuvent s’exprimer et à qui l’on donne la visibilité qui est souvent grande oubliée des soirées grand public où la techno et gentrifiée et non plus représentative de la diversité des communautés qui l’ont construites. ERROR.tpg, discrimination not found.



  • In’Oubliables


Pur produit de la vie nocturne marseillaise, le collectif In’Oubliables détient la recette pour proposer des événements aux couleurs locales qui conquièrent toute.s les fêtard.es : des DJs résident.es finement sélectionné.es, des rythmiques micro-house, deep tech et souvent très groovy qui ont le mérite de faire danser la région toute entière et surtout un cadre exceptionnel. Si quelques soirées ont lieu sur la terre ferme, In’Oubliables a en effet pour habitude de nous faire prendre le large sur la Méditerranée lors de ses boat parties inégalables : un véritable paradis pour les amoureux.ses de mer et de bonne musique.


  • Twerkistan

Twerkistan, c’est LE collectif dédié aux cultures urbaines qui nous donne envie de balancer frénétiquement nos fessiers. Avec elleux, les fans de rythmes chaloupés et d’influences afro seront gracieusement servi·es : hip hop, afrohouse, afrobeat, rap, électro… Il y en a pour tous les goûts, pourvu que la règle d’or soit respectée : que ça twerke !

  • Caisson Gauche Records


Depuis 2015, le Caisson Gauche tape bien plus fort que le droit… allez savoir pourquoi ! Ce label et collectif orienté Techno et rempli d’amour pour l’Indus, l’Acid jusqu’au truc bien dark ramène un public déjanté et toujours motivé à taper du pied. C’est pourquoi l’univers de leurs soirées secrètes dans des hangars désaffectés collent totalement avec le style de musique qu’iels proposent : déstructurée, brute, réfléchie et bien évidement, folle ! Alors, vous êtes plutôt gauche ou droite ?


  • Maraboutage


Ici, on ne parle pas de collectif, mais d’une véritable famille. Née en 2017, Maraboutage était à la base l’idée de deux amis, Ben et Geo, quelque peu frustrés du manque d’offre musicale et d’émergence de styles musicaux hors codes. De cette frustration est née l’envie d’apporter à Marseille, un nouveau souffle inspiré des musiques sud-américaines, africaines et orientales. Une famille se forme alors, où bienveillance, rythmes endiablés et ouverture musicale sont maîtres mots. Afrobeat, Kizomba, Dancehall… résonnent dans les sous-sols et clubs originaux de la cité phocéenne, prêts à faire danser et twerker les plus motivés d’entre nous. Ne soyez pas timides, on sait tous.tes que vous remuez vos fesses devant votre miroir ou contre le mur de votre salle de bain. Alors osez le faire lors d’une folle soirée Maraboutage, vous ne serez ni déçu.e.s, ni jugé.e.s !


  • Métaphore Collectif

Le Metaphore Collectif est un acteur incontournable des soirées underground marseillaises. Créé il y a plus de 10 ans par plusieurs DJs de la scène locale tel·le·s que Vazy Julie, Shlagga, Israfil ou encore DJ13NRV, il est devenu au fil du temps une véritable structure de diffusion pour les artistes locaux que le collectif accueille avec conviction dans son lieu de fête secret si particulier, le Meta. Un cocon dédié à la découverte musicale mais également à la fête libre et respectueuse de tou·te·s, qui a vu défiler de nombreux·ses artistes de l’écosystème marseillais… pour notre plus grand plaisir !



Les danseur.ses du Chapiteau - marseille (Crédits : Christophe Suchy)


Le paysage électro en France

Si les musiques électroniques tendent encore parfois à être marginalisées voire diabolisées en raison de leur association à la contre-culture et à la subversion, elles sont aujourd’hui consommées par 30% des jeunes de 18 à 25 ans et représentent à elles seules 40% de l’export musical français. Un poids économique et artistique qui n’est donc plus à prouver, et qui présage de belles perspectives pour l’écosystème des musiques électroniques français, avec in fine l’envie d’obtenir une reconnaissance du secteur comme part de l’héritage culturel national - à l’instar de nos voisins germaniques. Il ne fait aucun doute que la situation sanitaire a eu un impact significatif sur le paysage des cultures électroniques français, entraînant un besoin pour les structures et les acteur.ices le constituant d’unir leur forces pour faire entendre leur revendications. L’objectif : encourager le gouvernement et les institutions à collaborer avec eux et garantir leur survie dans une ère post-COVID encore incertaine. Un certain nombre d’initiatives visant à protéger et visibiliser le secteur des musiques électroniques a de fait émergé :


  • L’Appel des Indépendants Lancé à l’annonce du premier confinement par 30 entités lyonnaises et notamment Arty Farty (les Nuits Sonores), l’Appel des Indépendants est la première initiative nationale à appréhender une réflexion globale sur les politiques culturelles qui régissent les structures indépendantes. Aujourd’hui rejoint par 1600 structures culturelles et médias indépendants dont un bon nombre issus des musiques électroniques, le groupe de réflexion a proposé ces derniers mois divers workshops et des Etats Généraux pour formuler auprès du gouvernement des demandes spécifiques sur les statuts, les subventions et les conditions des acteur.ices indépendant.es de la culture.


  • La Sphère Électronique Fin juillet dernier, le lobby des musiques électroniques Technopol adressait au Ministère de la Culture une tribune signée par plus de 170 structures du secteur, avec pour objectif de réclamer une rencontre avec Roselyne Bachelot pour tirer le signal d’alarme quant à la situation subie par ses acteur.ices.

  • Outre la victoire de rencontrer la Ministre à plusieurs reprises et de participer aux négociations sur l’avenir des musiques électroniques, la tribune signait également la création d’une entité globale, fédérée et identifiable désormais perçue comme la Sphère Électronique. De celle-ci a émané de nombreuses mesures visant à unir les cultures électroniques aux quatre coin du territoire : diffusion de questionnaires pour prendre en compte les besoins de toutes les parties prenantes de l’écosystème, création d’antennes régionales pour promouvoir et défendre les cultures locales ou encore organisation des premiers Etats Généraux du Droit à la Fête… tout est mis en oeuvre pour défendre les intérêts d’un secteur de plus en plus visibilisé.


  • Le Livre Blanc - Danser Demain Alors qu’il avait organisé en 2020 les tables-rondes digitales Danser Demain, qui visaient à proposer une réflexion au long cours sur la manière de penser et animer la vie nocturne et culturelle au lendemain du Coronavirus, le lobby des musiques électroniques continue d’engager les discussions avec le Ministère de la Culture à travers son Livre Blanc. Constitué de 60 pistes prospectives évaluées par divers.es acteur.ices des musiques électroniques partout en France, le Livre Blanc “Danser Demain” tend à ouvrir de nouvelles perspectives pour l’écosystème festif, basées sur un enjeu de fédération globale, une envie de proposer un événementiel plus responsable et un besoin tangible de collaborer avec les institutions.


C’est grâce, entre autres, à ces initiatives que les acteur.ices des musiques électroniques parviennent progressivement à s’affirmer dans la sphère culturelle française et à proposer une vie nocturne plus respectueuse et inclusive. En accord avec le gouvernement, certaines structures d’accompagnement ont même déployé des fonds de soutien qui ont en partie bénéficié aux musiques électroniques, comme le fonds d’urgence de la SACEM ou le fonds de soutien de 20 millions d’euros dédié par le CNM aux festivals annulés. En parallèle, le Syndicat des Musiques Actuelles (SMA) et la FEDELIMA engagent de plus en plus de réflexions sur la manière d’incorporer davantage les intérêts spécifiques de la sphère électronique aux revendications des acteur.ices des musiques actuelles.


Même en ce qui concerne le volet culturel, le gouvernement semble bien décidé à suivre le pas : en conviant à l’Elysée Jean-Michel Jarre et Cerrone à l’occasion de la Fête de la Musique 2021, il signifie son intérêt croissant pour les cultures électroniques et démontre probablement sa disposition à prendre en compte les négociations menées ces derniers mois. Un effort encourageant qui annonce un avenir plus serein pour les musiques électroniques.

Animals Industry au Chapiteau - marseille - Juin 2021 (Crédits : Le Chapiteau - marseille)


Découvrir

Ces deux derniers mois, nous avons discuté musiques électroniques avec deux collectifs que nous recevons régulièrement au Chapiteau : Animals Industry et Lab'Elles.

Ce dernier collectif originaire de Lyon et exporté dans le Sud de la France a été initié par Delphine Lafrange, elle-même DJ, productrice, manageuse... Un collectif qui promeut la scène électronique féminine à qui nous levons notre chapeau.


Pour découvrir ces deux échanges absolument passionnants puisque réalisés par des passioné.es, on vous invite à allez écouter nos deux derniers T'Chap Podcast que vous retrouverez ci-dessous !


Écouter


Deux T’Chap podcasts made in Chapiteau avec Animals Industry et Lab’Elles :




Le podcast de Tsugi pour se remémorer ce que c’est que de déhancher en club :



Lire


Une liste non exhaustive de collectifs, labels... 100% féminins dans le monde ! :


Livres incontournables sur l’histoire des musiques électroniques


Regarder


Deux sélections de films et lectures à dévorer sur la culture électronique réalisées par Technopol :

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